Africa Tennis Mag

Interview d’Alexis Klégou, joueur de tennis franco-béninois

On vous pensait retraité des courts mais vos récentes performances indiquent tout le contraire. Comment faites vous pour rester toujours aussi compétitif ? Et quels sont vos objectifs pour cette saison et pour la suite de votre carrière ?

Aussi surprenant qu’il soit, je ne joue que très peu, une à deux fois par semaine. Ces dernières années, j’ai passé énormément de temps sur le terrain à entraîner de jeunes joueurs de tous niveaux avec des résultats assez satisfaisants. Je n’ai vraiment plus le temps de faire de la compétition mais je continuerai à jouer quelques tournois, ceux que j’apprécie particulièrement si le temps me le permet. Autrement, j’espère rester suffisamment compétitif pour être présent dans l’équipe de Coupe Davis de mon pays encore plusieurs années.

Vous étiez un grand espoir du tennis africain (classé -15 à 18 ans), avec de belles victoires en 2013 sur Nicolas Mahut, alors n°52 ATP. Que vous a-t-il manqué pour réussir au plus haut niveau?

Le haut niveau est très complexe, ce n’est pas qu’une question de capacité purement tennistique malheureusement. Il faut tout une équipe autour de soi, des objectifs claires et réalisables et, surtout, des moyens financiers nécessaires aux exigences du haut niveau.
Quand j’ai battu Nicolas Mahut en 2013 au tournoi de Dunkerque (ma première perf à ce niveau : top 100 ATP), tout me semblait irréel. C’est après ma 2 ème perf dans le même tournoi que j’ai compris que c’était la réalité et que tous les rêves pouvaient se concrétiser si on y croyait fermement. 2013 fût une belle année tennistique mais, en même temps, une année de galère car c’est dans cette même année que je me suis blessé au poignet alors que j’étais au top de mon tennis et de ma forme physique.
Autrement, ce qui m’a le plus manqué pour aller plus loin ce sont des finances stables pour une pression financière moins importante. Les blessures se soignent mais quand on passe trop de temps à se demander comment boucler les fins de mois, comment faire pour payer les frais inhérents aux tournois sur le circuit (billet d’avion, frais d’hôtel, coach etc.), il est bien difficile de rester pleinement concentré sur son tennis. Aujourd’hui plus que jamais, les finances sont d’une importance capitale pour réussir au plus haut niveau au tennis.

Parlez-nous du circuit professionnel de tennis et de votre idole. Avez vous pu lui serrer les mains ?

Le Circuit est un marathon ou peu importe les émotions positives ou négatives, il faut garder la tête froide et l’objectif du progrès du niveau de jeu et rien d’autre. Je n’ai pas d’idole mais j’admire Roger.

Le Bénin, votre 2ème patrie vous tient très à cœur. Vous y avez d’ailleurs remporté plusieurs belles victoires, une anecdote croustillante pour les lecteurs d’Africa Tennis Mag ? 

Jouer au pays représente beaucoup pour moi et me procure énormément d’émotions, souvent, très difficile à gérer. D’ailleurs, malgré de belles victoires sur les terrains de Cotonou, je n’ai jamais réellement bien joué au pays bien au contraire mais, la volonté de gagner sur le sol béninois a souvent fait la différence. Je garde particulièrement en mémoire deux victoires :
celle face au n°1 congolais (RDC) Denis Indondo en 2012 lors du Grand Prix de Cotonou et celle face au colombien Juan Sébastian Gomez (ex n°1 ITF juniors et 580 ATP au moment du tournoi) à la finale de l’Open de Cotonou en décembre 2013. C’était des matchs palpitants, complètement dingues avec des gradins pleins à craquer de jeunes béninois qui scandaient mon nom, vous ne pouvez pas imaginer combien il est difficile et envoutant de jouer dans
de pareilles conditions de tension-émotion à domicile. J’ai encore la chair de poule en y repensant…

La Fédération Béninoise de Tennis à travers son président, s’est engagée à développer la discipline en dotant le pays d’infrastructures de qualités. Quelles sont vos relations avec la Fédération et spécialement son président Jean Claude Talon ?

J’ai de bonnes relations avec la Fédération Béninoise de Tennis (FBT). Je pense que ce qui amène la bonne entente entre tous les acteurs du tennis béninois est le respect des uns et des autres. Le président de la Fédération, Jean Claude Talon est une personne que je respecte énormément et qui a eu un rôle crucial dans ma carrière.

La crise du Covid-19 a sérieusement ébranlé la planète entière, particulièrement, le sport de haut niveau. Comment avez vous vécu les temps forts de la pandémie et comment s’est déroulée la reprise des entraînements ?

Cette pandémie a impacté tous les joueurs et les coachs évoluant sur le circuit. J’ai donc était touché de plein fouet voyant mes revenus de joueurs et de coach réduits à zéro mais le plus important est la santé.

Vous avez un beau projet pour la jeunesse africaine, pouvez vous en parler et en faire profiter nos lecteurs ?

Oui, effectivement, j’aimerais créer un centre de haut niveau au pays où dans la région dans quelques années. Ce projet me tient vraiment très à cœur et j’espère trouver des partenaires pour le réaliser.

Pour finir, un mot sur Africa Tennis Mag ?

Superbe travail d’Africa Tennis Mag qui permet de mettre un peu plus de Lumière sur le tennis africain. Longue vie au magazine !