Parole aux talents : Eliakim Coulibaly
La pépite Ivoirienne
« Mon ambition pour les trois prochaines années est de rentrer sur le circuit professionnel et tenter de réaliser mon rêve : rentrer dans les 100 meilleurs mondiaux. »
Vous êtes l’actuel numéro 1 ivoirien (junior et sénior), champion d’Afrique juniors 2019 et surtout, numéro 22 juniors mondial avec un saut à la 16e place en début d’année. Comment est la vie dans l’élite du tennis mondial ?
La vie dans l’élite est normale (rire). Je suis très content de mes résultats parce que ce n’est pas tout le monde qui réussit à atteindre ce niveau, à faire ce que je fais. Nous sommes deux jeunes africains à être à ce niveau mondial en juniors ; Top 20 ITF Juniors en début d’année (le Sud-Africain Montsi Khololwam 12ᵉ et moi 16ᵉ), une première dans l’histoire du tennis africain… donc on peut être fier des résultats.
Je ne cesserai de remercier la Fédération Ivoirienne de Tennis dirigée par le président Me Georges N’GOAN, qui me soutient depuis mes débuts, et m’a permis d’avoir le potentiel nécessaire pour intégrer le Centre d’Excellence de l’ITF au Maroc où je suis pensionnaire depuis l’âge de 14 ans. Ma fédé continue toujours de me soutenir.
J’aimerais remercier aussi l’ITF qui m’a donné la chance d’intégrer le centre du Maroc, mais aussi et surtout mes coachs, et toute l’équipe ITF du centre ; qui m’ont toujours entouré de toute l’attention et l’affection nécessaires pour me permettre d’atteindre le niveau que j’ai aujourd’hui. Bien sûr, je n’oublie pas coach Illou Lonfo et mon père qui fût mon premier coach, grâce à qui j’ai découvert et aimé le tennis.
Vous êtes toujours au Centre d’Excellence de l’ITF au Maroc. Comment alliez vous confinement et entraînements de haut niveau ?
Quand tout est bloqué, on ne peut même pas sortir, toucher la raquette. Là je n’ai pas touché la raquette depuis 8 semaines. Je fais du physique et la plupart du temps, j’essaie de travailler mes lacunes. Je fais du physique de 11h à 13h puis de 16h à 17h, juste des préventions et quelques étirements, donc voilà… juste du physique, pas de tennis.
L’année 2020 s’annonçait déterminante avec un saut dans le Top 20 juniors et la possibilité de rentrer dans le tableau final de tous les Grands Chelem : Open d’Australie, R.G, Wimbledon et US Open ? Quelles sont les contraintes majeures dans cette situation pour un athlète comme vous ?
Je m’imaginais percer cette année, car 2020 est ma dernière année en junior. J’avais vraiment envie de percer, de donner le meilleur de moi-même dans tous les tournois du Grand Chelem pour faire de gros résultats, mais malheureusement, il y a eu le coronavirus qui est venu rendre les choses extrêmement difficiles. C’est difficile pour tout le monde, surtout pour les juniors qui sont dans leur dernière année et qui étaient bien placés pour jouer les grands chelems, pas seulement pour moi.
À vrai dire, la situation est vraiment difficile pour moi. J’étais démotivé au début quand tout a commencé, car j’étais dans un tournoi grade 1 à Casablanca et jouais en demi-finale contre un Français et tout a été arrêté. J’avais vraiment envie de jouer les grands chelems, car je me sentais prêt pour atteindre mes objectifs, mais malheureusement la situation est telle qu’elle est. Ça va beaucoup mieux maintenant, je prends les choses du bon côté et fais de mon mieux pour améliorer mes lacunes. On ne peut contrôler que ce qui est contrôlable à son niveau.
De quoi avez-vous besoin pour vous aider à exprimer le meilleur de vous-même au top niveau ?
Pour être au top niveau, j’ai besoin d’avoir des entrainements de grande qualité, un coach privé et faire beaucoup de tournois parce que c’est ça qui fait la différence entre nous les joueurs ; la différence entre moi et les joueurs occidentaux qui ont plus de moyens, et donc plus de tournois dans les jambes. Je ne fais vraiment pas assez de tournoi dans l’année. Souvent, c’est à l’approche des grands chelems que j’ai la possibilité de voyager et tenter le tout pour le tout sur les quelques tournois auxquelles je participe. Il me faut aussi faire beaucoup de tournois “futures“ pour m’habituer et être plus fort mentalement.
Quelles sont vos ambitions pour les trois prochaines années ?
Mon ambition pour les trois prochaines années est de rentrer sur le circuit professionnel et tenter de réaliser mon rêve : rentrer dans les 100 meilleurs mondiaux. Après, tout devient possible. Si l’encadrement et le financement suivent, je me vois bien dans le Top 20 ATP un jour (rires). Si malheureusement les finances ne suivent pas, j’irai dans une université aux USA poursuivre mes études et jouer les tournois universitaires.
Un mot sur Africa Tennis Mag ?
C’est juste wow. C’est un média très intéressant qui aidera énormément à promouvoir le tennis africain, et surtout qui permettra aux jeunes africains d’avoir plus de visibilité au niveau mondial, ce qui est une excellente chose pour nous les joueurs. Je suis d’autant plus heureux que j’ai le privilège d’être interviewé par M. Boniface Papa Nouveau l’un des fondateurs. Je souhaite à toute l’équipe d’Africa Tennis Mag le meilleur !