Africa Tennis Mag

L’exclu ATM : M. Georges N’Goan, Président de la FIT

Africa Tennis Mag : Comment se porte le tennis ivoirien ? 

Me Georges N’GOAN : On peut affirmer que le tennis ivoirien se porte bien au niveau des performances des joueurs, de la formation et de l’encadrement. Il faut cependant reconnaître que le tennis ivoirien est confronté à de nombreux problèmes qui ne favorisent pas son envol. Les résultats obtenus depuis plusieurs années par nos jeunes dans les tournois organisés par la Fédération Internationale de Tennis (ITF) et la Confédération Africaine de Tennis (CAT) tant au plan africain que mondial attestent de la bonne santé du tennis ivoirien.

Ainsi, aux derniers championnats Juniors d’Afrique de Zone Afrique de l’Ouest et du Centre qui ont eu lieu du 5 au 14 janvier 2020 à Lomé (Togo), la Côte d’Ivoire s’est classée première en individuel et première en équipe chez les filles, sur les onze nations présentes : Bénin, Cameroun, Congo, Ghana, Gabon, Mali, Nigéria, Sierra Leone, Burkina Faso, Togo et la Côte d’Ivoire. Ces championnats de zone sont des compétitions qualificatives pour le championnat d’Afrique ainsi que pour les compétitions internationales. Grâce à ces performances, KOUAME Amany Jauresse Nelly et MINET Bohoussou Blanche chez les filles, KOUADIO Kouassi Ange Paterne et HOIMIAN Francky Martial chez les garçons se sont qualifiés pour le championnat d’Afrique Junior individuel qui devait avoir lieu à Lomé (Togo) du 1avril au 6 avril. Par équipe, KOUAME Amany Jauresse Nelly, MINET Bohoussou Blanche et Coulibaly Sadjo sont qualifiées pour le championnat Junior qui aura lieu en juin dans un pays du Magreb (date et lieu non encore communiqués)

Au plan africain, Eliakim Coulibaly est  champion d’Afrique junior (titre acquis en 2019) et n°1 africain junior. Au niveau mondial, il est classé 22ème junior (16ème au 06 janvier 2020).

Au niveau de la formation, les écoles fédérales instituées par la FIT depuis 2004 ont formé et forment de nombreux jeunes qui s’affirment chaque année dans les compétitions internationales organisées par la CAT et l’ITF. En matière de formation des jeunes, la FIT reste un exemple que les instances internationales ont toujours salué. Avec cette politique de formation, la Côte d’Ivoire regorge de joueurs de talents et qui vont j’en suis convaincu émerger bientôt. Au niveau de l’encadrement, nos entraineurs qui possèdent des diplômes délivrés par la CAT et l’ITF suivent de façon continue des stages de formation et de perfectionnement tant en Côte d’Ivoire qu’à l’étranger. Parmi les entraineurs, on compte Illou Lonfo entraineur de niveau 3 de l’ITF, le seul dans la sous-région, ancien directeur technique à l’académie de haut niveau ITF à Dakar, puis à Casablanca quand l’académie a été transférée au Maroc. Il est actuellement consultant de l’ITF pour la formation des entraineurs. Il assure la direction technique nationale de la FIT et apporte sa contribution à la formation des entraineurs ivoiriens et supervise les enseignements dans les écoles fédérales.

Il faut relever cependant que le tennis ivoirien est confronté, en dehors de l’absence de moyens financiers, à trois types de problèmes importants qui freinent son évolution :

1. Insuffisance des infrastructures : La Côte d’Ivoire ne dispose que de quatre -vingt- sept (87) courts de tennis ouverts au public dont une vingtaine appartiennent à l’Etat. La majorité de ces courts sont situés à Abidjan et sont la propriété de sociétés privées. La plupart des courts situés à l’intérieur du pays sont en mauvais états et doivent être réhabilités pour permettre une politique de développement du tennis au niveau national.

2. Absence d’un centre national d’entrainement : ce centre devait être un cadre de perfectionnement des jeunes issus des écoles fédérales. Avec ce centre, l’objectif était de professionnaliser le tennis et permettre d’accueillir un plus grand nombre de jeunes surtout ceux de l’intérieur. L’absence de ce centre entraine une déperdition des talents et handicap le tennis ivoirien qui ne peut préparer au mieux ses jeunes pour le haut niveau.

3. Absence de compétitions de haut niveau : Nos jeunes n’ont pas la possibilité de se frotter à la meilleure concurrence, de sorte qu’ils stagnent voire régressent à un certain niveau. Notre continent n’organise pas assez de compétitions dotées de points ITF et ATP pour attirer les meilleurs mondiaux. Or nos jeunes n’ont pas les moyens d’aller compétir en Europe et/ou aux Etats Unis où se trouvent les meilleurs. Pour progresser, il n’y a pas de secret, il faut se confronter aux meilleurs, d’où la nécessité impérieuse de permettre à nos élites d’entrer dans les structures d’entrainement en Europe ou aux Etat Unis afin de se frotter à l’élite du tennis mondial.

En dehors de ses qualités, Eliakim Coulibaly a pu accéder au 16ème rang junior mondial parce qu’il a eu la possibilité de participer à de nombreuses compétitions avec les meilleurs joueurs du monde.

Quel Bilan tirez vous des écoles fédérales votre projet phare ?

Les écoles fédérales ont été créées en 2004. C’est dans le cadre du plan de relance du tennis que nous avons mis en place les écoles fédérales. Il s’agissait en fait de préparer la relève du tennis ivoirien en donnant une formation permanente et cohérente aux jeunes. Les jeunes y sont admis à partir de cinq (5) ans et reçoivent une formation jusqu’à seize (16) ans. Actuellement les écoles fédérales comptent environ deux cent (200) jeunes à Abidjan et à l’intérieur du pays. La FIT, face au manque d’infrastructures a dès 2004 conclu avec les sociétés privées et les collectivités des contrats de mise à disposition de leurs courts souvent laissés à l’abandon. La FIT a réhabilité ces courts sur lesquels elle a installédes écoles fédérales pour la formation de nos jeunes. La création des écoles fédérales poursuivait en réalité un double objectif : former les jeunes joueurs et combattre le chômage endémique qui frappait nos entraineurs. Ces derniers sont chargés de former les jeunes dans le cadre d’un cahier des charges, en contrepartie, ils gèrent et exploitent ces courts qui sont devenus ainsi leur outil de travail. Cette approche a été saluée en son temps par les instances internationales de tennis.

Eliakim Coulibaly, pensionnaire de l’académie du Maroc, a été formé à l’école fédérale de la Sotra à Abidjan. Je citerais parmi les espoirs garçons actuellement formés dans les écoles fédérales, notamment : Kouadio Kouassi Ange Paterne, Hoimian Francky Martial, Kouadja Ségui Yves Armand, N’Guessan Ange Gamaliel, Adjamoin Kossokré Prince, Kouamé Myko, Ouattara N. Souleymane.

Vous avez assisté au 1er forum de la francophonie du tennis en 2018 et à la création, en mai 2019, de l’A2FT à Paris. Qu’attendez-vous de ce projet ?

Il faut préciser que la création de l’Association des Fédérations Francophones de Tennis (A2FT) fait partie du projet de développement du tennis sur terre battue initié par la Fédération Française de Tennis (FFT). L’objectif principal du projet est de faire rayonner la francophonie dans le tennis mondial et promouvoir la pratique du tennis sur terre battue dans les pays francophones. Le premier élément consiste à créer un réseau de clubs labellisés « Roland-Garros » et les académies de tennis. Le projet a prévu la création d’une structure commune à toutes les fédérations francophones. L’A2FT est cette structure commune qui a été constituée formellement le 30 mai 2019 à Paris. Elle a pour but notamment de permettre la valorisation des jeunes talents, de promouvoir le tennis comme vecteur d’éducation, de favoriser la coopération entre ses membres à travers des offres de services communs. Pour atteindre ce but, il est prévu la création, d’un ou plusieurs centres, de l’Académie francophone de tennis destinée à rassembler les jeunes élites et de former les cadres sportifs et administratifs. La Côte d’Ivoire est membre fondateur de l’A2FT et entend bénéficier de tous les avantages qu’offre cette structure.

En tant que Président de la FIT, quel message aimeriez vous faire passer aux entreprises ivoiriennes pour qu’elles participent au financement du tennis ?

Le tennis incarne l’effort individuel, le fair-play, le respect de l’adversaire. Le tennis véhicule l’image de solidarité sportive, de performance. Les entreprises peuvent développer leur image à travers des valeurs de solidarité, de performance et de réussite par le financement du tennis en tant que sponsor. Je souhaite et demande aux entreprises ivoiriennes de participer au financement du tennis, ce faisant elles participent à un projet sportif et social dédié à la jeunesse de leur pays.