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L’exclu ATM : M. Diagna Mamadou N’diaye

Président du Comité National Olympique et Sportif Sénégalais (CNOSS), membre du Comité International Olympique (CIO).

Diagna Mamadou N’diaye au CIO.

« Le développement du tennis en Afrique passe par la création de centre d’entraînement de haut niveau ».

Diagna Mamadou N’diaye

Vous êtes une référence pour de nombreux leaders africains et une chance pour l’Afrique dans son ensemble. Quel est votre rêve pour ce continent qui vous tient tant à coeur ?

J’ai de bonnes raisons de me réjouir de la qualité des hommes qui sont acquis à la même cause que moi et qui portent avec moi de façon solidaire et déterminée un projet collectif.

Tout ceci pour dire que cette œuvre est un travail d’équipe qui fait du sport un axe fort de notre action et nous renforce dans notre commune conviction que l’Afrique peut tirer un formidable parti du secteur du sport.

Il est de notoriété publique que l’Afrique constitue un continent promu à un avenir prometteur et émergent même s’il est vrai que de nombreux défis s’érigent sur son chemin et que beaucoup de travail reste à faire.

Mon plus grand rêve c’est d’amener tous les Africains à redoubler d’efforts et de considérer les défis non pas comme des obstacles infranchissables mais plutôt comme une opportunité à saisir pour nous surpasser et pleinement jouer notre rôle de place prépondérante dans l’histoire de l’humanité.

Le sport représente un secteur d’activité prometteur, spécialement pour l’Afrique. Comment, d’après vous, le continent peut-il saisir cette opportunité de développement ?

Le sport, grâce aux valeurs qu’il véhicule, constitue un levier incontestable de croissance et renferme des valeurs indispensables pour atteindre les objectifs de développement durable.

L’Afrique pour en bénéficier doit développer les accords de collaboration dynamique aptes à déboucher sur une coopération ambitieuse car, du fait de la mondialisation, nous avons tous à apprendre les uns des autres.

En Afrique, le sport ne contribue que pour très peu dans la production du continent, ce qui veut dire que l’Afrique dispose d’une grande marge pour réussir une émergence dans tous les domaines.

Le Sénégal va organiser, en 2026, les JOJ pour la première fois de l’histoire en Afrique. En tant que Sénégalais et grand artisan de ce bel événement sportif, que ressentez-vous et quels ont été les atouts qui ont fait pencher la balance du côté sénégalais ? Parlez- nous de la préparation de la candidature.

Nous avions en face du Sénégal, lors de la phase de candidature à l’organisation des Jeux Olympiques de la jeunesse, de grandes nations comme le Nigeria, la Tunisie et le Botswana.

Par conséquent mes équipes et moi avions la claire conscience de devoir présenter le meilleur dossier possible apte à répondre aux exigences du CIO. Il est assez aisé d’imaginer que le cahier de charges régissant l’organisation d’un événement de cette dimension comporte forcément des termes de référence de haute portée.

Un des signaux les plus forts à décrypter dans les éléments déterminants qui ont fait pencher la balance en notre faveur, c’est incontestablement la forte implication du président de la République du Sénégal, son Excellence Monsieur Macky Sall qui, en plus d’avoir soutenu et cautionné la candidature, s’est déplacé personnellement à Buenos Aires en octobre 2018 pour diriger et encourager la délégation.

S’y ajoute que le Sénégal, grand pays de sport, a présenté un dossier hautement élaboré en termes de qualité des infrastructures et compatible avec une prévision de budget à dimension humaine. Celle-ci est basée sur le principe de réhabilitation d’infrastructures existantes et immédiatement utilisables aussi bien comme sites de compétitions que réceptifs.

Nous avions évité d’aller dans le sens de la construction de nouvelles infrastructures budgétivores et exigeantes financièrement, souvent surdimensionnées et toujours difficiles à entretenir. La phase de co-construction nous a démontré plus tard que nous avions bien raison de penser ainsi et de suivre cette voie.

Le Sénégal a pris part à deux rencontres sur la francophonie du tennis organisées à Roland-Garros, avec une délégation dirigée à chaque fois par M. Matar Bâ, notre ministre des Sports

Diagna Mamadou N’diaye
Diagna N’diaye qui pose pour ATM.

Le monde subit, en ce moment même, une crise sanitaire sans précédent qui met à mal les fondements de l’humanité. Comment la pandémie de covid-19 impactera les préparatifs des JOJ au Sénégal ? Le report de 2022 à 2026 est-il une calamité ou une aubaine pour le Sénégal ?

Il n’y a sans doute pas un phénomène qui depuis plusieurs générations ait suscité autant de perturbations, autant de débats, autant d’angoisse, autant de peur et d’impacts négatifs sur les systèmes sanitaire, économique et social.

Devant une telle ampleur, le monde sportif ne pouvait pas y échapper à cause de sa transversalité avec presque tous les domaines de la vie.

Pour ce qui nous concerne, nous nous approprions le conseil de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui, alors que les nations du monde se réunissaient virtuellement la semaine dernière à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, a fait la déclaration suivante :
« La pandémie doit nous motiver à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, et non pas devenir une excuse justifiant un échec. »

Le report est pour nous une aubaine, car il nous laisse plus de temps de préparation et nous permettra de mieux aborder les multiples défis de préparation en termes d’accueil de nos hôtes, de réhabilitation et de construction des sites, mais aussi de mise en situation de nos athlètes qui vont disposer de plus de temps de préparation.

Le Sénégal est la tête de pont, en Afrique, du projet de la francophonie du tennis initié par la FFT et désormais porté par l’A2FT. Il n’a pu avoir lieu cette année à cause de la pandémie, mais, en marge du tournoi de Roland-Garros, un grand rendez-vous avait réuni les 30 et 31 mai 2019 à Paris plus de 30 pays sur ce sujet. En tant que passionné de tennis et fidèle spectateur des Grands Chelems, que pouvez-vous nous dire sur ce projet. ?

En fait ce n’était pas le premier forum tenu à Paris sur la question. Si vous vous souvenez bien, en 2018, à l’occasion de Roland-Garros, la Fédération française de tennis dans le cadre de son programme « Agir et Gagner » avait réuni les pays francophones sur ce même thème.

Je rappelle d’ailleurs que le Sénégal a pris part à ces deux rencontres sur la francophonie du tennis organisées à Roland-Garros, avec une délégation dirigée à chaque fois par M. Matar Bâ, notre ministre des Sports, que je tiens à remercier vivement pour ses pertinentes interventions au cours des échanges.

Pour la petite histoire, je me plais de rappeler que ce sont les fédérations francophones qui, de leur propre initiative et en relation avec la Fédération française de tennis avaient décidé de créer entre elles, une véritable communauté d’intérêts regroupée dans une structure commune qui explique aujourd’hui la naissance de l’A2FT (Association des fédérations francophones de tennis) que préside M. Daniel Chausse.

L’objectif visé était de permettre à chaque fédération intéressée de s’organiser à répondre aux critères de labellisation que la FFT devait fixer. Le rôle de ces « clubs Roland- Garros » consistait à assurer la formation des cadres sportifs et administratifs mais également, au-delà de formation de l’élite du tennis, d’accueillir toutes les couches des populations désireuses de pratiquer ce sport.

Tout cela devrait s’articuler autour d’une organisation basée sur un format de sports-études, d’une vie de club.

En contrepartie, la FFT devait s’engager à offrir la renommée de sa marque, et à apporter son savoir- faire, car comme vous le savez les courts en terre battue ne font pas florès au sein des pays subsahariens et l’accompagnement de techniciens de haut niveau constituerait un impératif catégorique.

Quant à l’A2FT, elle s’engageait à son tour à accompagner les clubs et académies dans la recherche de financement par une mise en relation des pays hôtes, maîtres d’oeuvre avec le monde économique, et à participer à la réalisation de leur fonctionnement.

D’après vous, que faudrait-il faire pour produire des joueurs de tennis africains capables de rivaliser avec les tout meilleurs mondiaux et gagner des tournois du Grand Chelem ?

La solution à mon avis passe par l’érection de centres d’entraînement à l’image des académies labellisées Roland-Garros.

Avez-vous un message pour tous ces jeunes Africains qui rêvent d’un avenir meilleur sur le continent ?

Nous savons tous que le sport représente aujourd’hui 2 % du PIB mondial, et seulement 0,5 % de celui de l’Afrique. Sur le continent africain, le développement du sport est porteur d’enjeux de développement économiques et sociétaux et la jeunesse est au coeur de cette dynamique.

Je conseille aux jeunes Africains de ne pas se décourager, de redoubler d’efforts et de se dire qu’« à cœur vaillant rien d’impossible ».

Enfin, un mot sur Africa Tennis Mag ?

J’ai parcouru avec plaisir le premier numéro de votre magazine.

J’ai bien aimé les interventions de Madani M. Tall, qui a développé les initiatives qu’il a prises pour la mise en place du Projet DDSC, dont le concept et le business model me sont bien connus pour avoir très tôt signé en ma qualité de président du Comité olympique du Sénégal, un Mémorandum avec son promoteur.

L’interview de mon ami Daniel chausse sur l’académie de tennis de Diamniadio était aussi de haute facture.

À l’inquiétude de votre éditorialiste, Boniface Papa Nouveau, que je salue au passage, et qui s’insurge contre le fait « qu’aucune trace d’un africain noir n’ait été notée dans le Top 100 ATP depuis le Sénégalais Yahiya Doumbia en 1989 » votre magazine nous apporte une lueur d’espoir en faisant sortir de l’ornière de futurs talents comme la jeune Burundaise Sada Nahimana, n°38 ITF Junior, et l’Ivoirien Eliakim Coulibaly, n° 34 Junior mondial.

Mon souhait est de voir Africa Tennis Mag servir de vitrine susceptible d’offrir une exposition émergente aux jeunes Africains.

Je vous souhaite bon vent.

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