Africa Tennis Mag

Interview de M. Daniel Chausse, Président de l’association des Fédérations Francophones de Tennis (A2FT)

L’exclu ATM : Daniel Chausse, Président de l’A2FT

Comment se passe la collaboration avec les différentes Fédérations africaines de tennis ? Les autres Fédérations Francophones de Tennis hors Afrique ne sont-elles pas jalouses de la priorité donnée au tennis en Afrique francophone ?

Le projet d’édification du tennis est encore très récent dans sa concrétisation. Il n’a pas encore fêté son premier anniversaire et ne se matérialise finalement que depuis la création, le 30 mai 2019, de l’A2FT.

Depuis lors, nous veillons chaque fois que cela est possible à tenir compte des sensibilités et des apports possibles de chacun. Par exemple, le Comité exécutif de l’A2FT est délibérément composé de représentants des continents Africain, Asiatique et Européen. De même, les projets auxquels nous réfléchissons ou les offres de collaboration qui émanent de nos fédérations membres, ne seront pas réservés au continent africain. Par exemple, la FFT étudie la possibilité d’ouvrir son programme de jeunes ramasseurs de balles pour le tournoi Roland-Garros à des jeunes marocains, camerounais, ivoiriens, mais aussi belges et suisses à titre expérimental dès 2020 ou 2021. Au-delà, la FFT et l’A2FT pourraient aboutir à la création annuelle d’un groupe de 10 jeunes issus de la diversité des pays francophones. Le sentiment de jalousie n’est pas à l’ordre du jour et ce d’autant plus que l’A2FT n’est pas le « commanditaire » ou l’«opérateur» des projets de ses membres mais plutôt le « catalyseur » et le « facilitateur » sur la base de leurs propositions et initiatives. Chaque fédération membre, issue de chaque pays, est donc la bienvenue pour formuler et porter une initiative.

[blockquote footer= »Daniel Chausse »]L’espace francophone a tout à gagner à faire émerger de nouveaux jeunes talents du tennis à l’instar de Sada Nahimana au Burundi et d’Eliakim Coulibaly en Côte d’Ivoire[/blockquote]

Vous êtes non seulement le Président de l’A2FT mais également le Vice-président de la FFT en charge de la francophonie, du Nouveau Stade et du Juridique. Comment arrivez-vous à concilier ces deux importantes fonctions ?

Les fonctions que j’occupe au sein de la FFT sont de nature élective, bénévole, et non salariale. Elles exigent donc de moi une disponibilité régulière mais pas nécessairement quotidienne. Tous les enjeux dont j’ai la responsabilité au plan « politique », dans le sillage du projet « Agir et gagner » porté par notre Président Bernard Giudicelli depuis son élection, sont assumés au quotidien en terme d’analyse, d’arbitrage, et de coordination de leur opérationnalisation par le Directeur Général de la FFT, Jean-François Vilotte, et ses équipes. Jean-François accompagne et supervise ainsi le travail de 380 personnes au sein de la FFT dont l’expertise et la force de travail nourrissent et appuient l’action des élus dont je fais partie.

Quelles sont vos priorités pour les mois à venir ?

Les priorités immédiates de l’A2FT sont de trois ordres. Tout d’abord finaliser la mise en fonctionnement administratif et financier de l’A2FT pour la doter de bases de gestion solides et d’une identité visuelle. Ensuite, commencer à développer des services au bénéfice de ses membres. Enfin, contribuer à la bonne réalisation des projets de nos membres qui peuvent avoir un intérêt pour la communauté, en facilitant le dialogue et la collaboration entre eux sur des projets concrets (ouverture du programme de ramasseurs de balles de la FFT aux pays de la francophonie, formation d’experts en terre battue, appui à l’entraînement de jeunes talents francophones dans les centres nationaux ou régionaux d’autres pays,…) ainsi qu’en favorisant l’intérêt et si possible l’engagement de partenaires financiers à l’appui des projets de nos membres (centres et clubs francophones par exemple). Sur ce tout dernier aspect, nous travaillons étroitement avec le réseau Sporsora et avec Business France par exemple pour mobiliser les acteurs économiques autour des projets du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Liban et du Sénégal. Nous avons ainsi créé ensemble un « Laboratoire de la Francophonie du tennis » qui tiendra sa seconde réunion le 5 février 2020 au siège de Business France dans le cadre de la 7è édition des Rencontres internationales des grands événements sportifs internationaux.

[image lightbox= »2″ caption= »PM. Daniel Chausse, Président de l’A2FT et M. Ousmane Paye, ancien Ministre Sénégalais »]http://lssccix.cluster028.hosting.ovh.net/wp-content/uploads/2020/04/articles3.png[/image]

Dans de nombreux pays africains, les clubs de 2 à 3 courts en dur sont légions. Pourtant, leur gestion laisse à désirer. S’il est si difficile de gérer des petits clubs, comment parvenir à gérer des académies d’une dizaine de courts en terre battue ?

Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un défi sérieux pour nombre de pays qui constituent l’A2FT et nous sommes disposés à l’aborder de façon pragmatique et respectueuse des spécificités, des besoins et des intentions de chacun. Il s’agit de travailler ensemble avec une approche à la fois ciblée et expérimentale. Notre idée commune n’est pas de multiplier les centres et les clubs francophones de tennis, au risque de créer des « éléphants blancs », mais bien de choisir quelques projets bien réfléchis, bien évalués et bien insérés dans leur environnement humain, économique et même écologique. Cela implique donc une approche au cas par cas, projet par projet en tenant compte à chaque fois des spécificités et des potentialités locales, nationales et régionales. Du « cousu main » en somme !

Votre enthousiasme fait chaud au cœur mais, connaissant la réalité du terrain, à quand envisagez-vous l’inauguration de la 1ère  Académie RG en Afrique ?

Les projets de centres et de clubs francophones de tennis sont des projets imaginés et intégralement portés par les fédérations de tennis des pays concernés. Les premières fédérations à s’être manifestées en ce sens sont celles du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Liban et du Sénégal. D’après mes dernières visites au Bénin, en Côte d’ivoire et au Sénégal entre les mois de juillet et de décembre 2019, il semble que ces projets devraient connaître une première phase de réalisation entre la fin de l’année 2020 et le début de l’année 2021. Cette première phase correspond à l’édification des courts de tennis et des espaces de convivialité ainsi que des vestiaires. La construction des hébergements, pour les projets qui en prévoient, interviendra dans la suite immédiate, plutôt à l’échéance 2021-2022. Projet par projet, les études de faisabilité ont déjà été réalisées ou sont en cours, les soutiens des gouvernements concernés ont été exprimés. Nous sommes confiants dans le fait que ces fédérations iront au bout de leur intention et le rôle de l’A2FT est de faciliter leurs démarches par la mobilisation de notre magistère d’influence auprès des décideurs et financeurs potentiels.

Un mot sur ce premier numéro d’Africa Tennis Mag ?

En ce tout début d’année 2020, je formulerai trois vœux pour Africa Tennis Mag : excellence, résonnance et succès !

Avez vous un message pour tous ces jeunes africains qui rêvent de voir, enfin, du tennis de haut niveau sur leur sol ?

Je veux leur dire qu’ils vivent sur un continent riche de ses talents humains dans tous les domaines, riche d’une histoire et d’une sagesse multimillénaires qui doivent les inspirer et les guider pour édifier leur vie personnelle, celle de leurs communautés, ainsi que le monde de demain. Leur engagement à travers le sport et le tennis en particulier peut y contribuer car il est facteur de lien social et de solidarité, de transmission de valeurs éthiques et de promotion de la diversité, d’apprentissage et de respect des règles, de dépassement et d’accomplissement de soi. Le tennis est un sport qui fait la synthèse de ces différents enjeux dans une confrontation respectueuse à soi, à un adversaire, mais aussi dans un travail et un jeu d’équipe. Ce sport est doté de tournois de tous niveaux, jusqu’à l’excellence des tournois du Grand Chelem, dont celui de Roland-Garros, qui sont une puissante source d’inspiration pour la jeunesse sportive francophone. L’espace francophone, dont le continent africain, a tout à gagner à faire émerger de nouveaux jeunes talents du tennis à l’instar de Sada Nahimana au Burundi, et d’Eliakim Coulibaly en Côte d’Ivoire. Ils font rêver et montrent la voie à autant d’enfants et d’adolescents qui sont assurément les joueurs et les talents de tennis de demain !